"Jusqu'à la garde", Bravo à Xavier Legrand !

C'est magnifique que ce soit un homme, Xavier Legrand, qui ait réalisé le film "Jusqu'à la garde". C'est magnifique que le film et ses acteurs aient reçu 4 Césars.





Le film "Jusqu'à la garde" est affiché comme portant sur les violences conjugales.
C'est vrai. Il porte même sur les violences extrêmes, celles qui sont physiques et visibles.
Il traite également d'un autre sujet : l'incompréhension totale de la justice lors des procédures conflictuelles de divorce et l'instrumentalisation des enfants.

Début du film :
Ordonnance de non conciliation : chaque parent avec son avocate, en face la juge.
Elle lit devant tous la lettre du plus jeune enfant des parents : il demande à vivre avec sa mère loin de "l'autre".
Puis la juge feuillette le dossier de chacune des parties, s'arrête un instant sur les pièces.
Pas de vague sur les pensions alimentaires, 110 euros par mois pour la mère, mort de rire quand on connaît le coût de la vie dans notre pays.
Le sujet durant ce bref moment où tout se joue, c'est la garde de l'enfant.
Et là, stupeur. L'attestation d'un vague collègue de bureau ou d'une association dont fait partie l'un des parents a autant de valeur que l'attestation de l'infirmière du collège.
La juge pose une ou deux questions, renvoie dos à dos les parents, elle semble se faire un jugement sur ce qu'elle ressent, autrement dit, de manière purement subjective et partiale.
Elle ne donne pas sa conclusion en séance, cela se fera par voie administrative, les avocates seront les intermédiaires.
La décision sera brutale : ce sera la garde alternée pour l'enfant.

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Sans doute il faudrait que les juges se forment aux personnalités narcissiques, lisent des livres détaillés , aillent voir "Jusqu'à la garde", étudient les pièces sérieuses des dossiers (écoles, infirmières, nounous, personnes du quotidien de la vie des enfants, ...), soient humbles.
Il faudrait que la justice s'intéresse à ce qui se passe dans la vraie vie une fois la décision prise, lors des fameux "passages de bras" par exemple, qu'elle suive comment vont les enfants, sur le plan psychologique, physiologique, qu'elle admette qu'il est possible de s'être trompé et de revenir sur son jugement.
Il faudrait protéger les enfants de tout parent toxique et non appliquer en toute situation le jugement de Salomon.

Dans le film, seule l'institution police joue pleinement son rôle.
Dans la vie, elle n'a malheureusement pas toujours le temps.

L'association "SOS les mamans" (http://www.soslesmamans.com/index.html) alerte depuis plus de 10 ans sur ces sujets : les violences post-séparation, les enfants pris en otage via des résidences alternées demandées par des manipulateurs destructeurs et accordées par l'administration justice, quant il ne s'agit pas de garde totale.

"Tous nous savons que la justice n'a pas le temps, ni de formation suffisante, voire d'expérience de vie (JAF - Juge aux Affaires Familiaes - 1er poste dans la magistrature). Les femmes et les enfants paient très cher ces manquements de protection. La France a été condamnée en 2017 et 2016 pour ses déficiences dans son système socio-judiciaire chargé de la protection de ces femmes / mères victimes".
http://www.soslesmamans.com
(l'association montée par 2 mamans a définitivement fermé fin le 29 juin 2019)

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A l'heure où certains voudraient imposer la garde alternée pour l'ensemble des divorces, il est sans doute temps de se poser quelques questions ...

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En cherchant des informations sur le film, je suis tombée sur le pitch suivant sur le site de RTL/culture  : https://www.rtl.fr/culture/cine-series/cesar-2019-jusqu-a-la-garde-drame-suffocant-sur-les-violences-conjugales-sacre-7797029015
"Léa Drucker joue une mère de famille en plein divorce, Denis Ménochet (nommé pour le meilleur acteur) est futur ex-mari et un père déboussolé et violent....

Le mot "déboussolé" pour qualifier le père dans le film n'est pas approprié et m'a choquée car il minimise le mot suivant "violent".
Il est juste d'écrire que le père est violent, tout simplement. Le père de "Jusqu'à la garde" sait très bien ce qu'il fait, il est persuadé de son bon droit, de son impunité, c'est cela sa folie, la justice est allée dans son sens, depuis toujours il fait plier les autres, surtout ceux en position de faiblesse.

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Il reste beaucoup de choses à changer pour un monde plus juste, pour que les enfants et les femmes soient enfin protégés, ne serait-ce qu'en France ...
Qu'un film tel que "Jusqu'à la garde" soit sur le devant de la scène, est un espoir réel d'une prise de conscience plus large.

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