10 ans après, publier de nouveau son premier livre

10 ans après, publier de nouveau son premier livre, cela a un goût particulier. Comme reprendre une ancienne histoire. En terrain connu, pourtant le temps a passé ... 


Il y a 10 ans, je me souviens, j'avais trouvé cela angoissant, de publier, j'avais appréhendé la perception des autres. Le monde de l'entreprise, les relations hommes-femmes, vraiment je m'interrogeais, qu'est-ce que ça allait évoquer, bousculer ? Bien sûr je simplifiais, je résumais en quelques mots, deux thématiques entrelacées, dix histoires telles dix tranches de vie, chacune avec sa saveur, son amertume. Le fil rouge, cela semblait indispensable, en France, pour publier un recueil de nouvelles. Des histoires disparates, non ce n'était pas le style français.

Les histoires m'étaient venues, les unes après les autres, en désordre. L'ordre des nouvelles dans un recueil, tout un poème, le saviez-vous ? J'aimerais bien être comme Georges-Olivier Châteaureynaud qui les écrit directement dans l'ordre. 10 ans après, je ne l'ai pas changé.

J'avais écrit certaines histoires d'un trait, d'un tapotement vif sur le clavier, d'autres avaient pris plus de temps à mûrir. Quand on a peu de temps pour écrire, on ne s'assoit pas chaque matin à 9h devant un fichier vierge affiché sur l'écran d'ordinateur, au contraire, quand on arrive devant l'écran, on a des tas de mots de phrases à écrire. La journée, dans les rares moments creux, dans la voiture, on y a pensé, pas à la forme que cela prendrait, on a plutôt songé aux émotions, on a vu des images. Le soir, tout doit être écrit, quels que soient la fatigue, l'ennui, le poids de la journée. La plupart des histoires avaient surgi en quelques soirées, longtemps j'en avais remanié d'autres, telles "Le choix" par exemple, cette nouvelle où dans la première version nous n'étions que dans la tête de la femme puis j'avais ajouté ce qui se passait dans la tête de l'homme, alors le texte était plus fort, après coup on devinait les décalages, les manquements, ces petits riens, ce choix qui les avaient emmenés sur des chemins si éloignés.

Tout cela s'était passé assez vite quand même, après, il avait été nécessaire de trouver un éditeur. J'avais tenté le fameux envoi du manuscrit par la poste sans la moindre recommandation. Dans ma lettre pourtant, j'avais cité la dizaine de revues connues où j'avais déjà publié, cela n'avait semble-t-il aucun poids. 40 envois, 40 refus, il ne fallait pas se décourager, j'avais entendu des tas d'histoires comme ça. Et puis les éditions D'un Noir Si Bleu avaient dit oui, 40 non et puis 1 oui. C'était parti pour la grande aventure de la publication du premier livre, de mon premier livre.

40 refus d'éditeurs, 1 publication dans une jolie maison, 1 prix, 1 nomination à un prix important, l'éditeur approché pour une publication en édition de poche, un article dans Marie-France, 1 500 exemplaires vendus dans leur première édition, 5 ans où le livre avait continué à circuler sur le marché de l'occasion, 3 tables rondes, 13 invitations dans des lycées, 2 adaptations par des troupes de théâtre. Cette histoire si souvent racontée, modeste dans mon cas convenons-en, ce motif cependant déjà lu, entendu, s'était dessiné, un livre boudé par le milieu de l'édition classique, mais trouvant au bout du compte son public par l'entremise d'une maison d'édition qui y avait cru. 

10 ans après, un livre qui porte le même nom, et pourtant, différent. Un nouveau format, une nouvelle couverture, des corrections minuscules (ou peut-être pas ?) sur l'ensemble des pages, une préface et une postface supplémentaires, et même une nouvelle dont la chute change du tout au tout, car oui, en dix ans, le regard change ...


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