L'écriture et moi #2

 


Dans mon article précédent, j’expliquais l’écriture de mon premier texte de fiction, un jour d’ennui et de pluie. Je disais aussi le plagiat à peine masqué de mon auteure favorite entre 8 et 10 ans : l’américaine Caroline Quine. D’ailleurs Wikipédia interrogé sur le sujet m’explique que Caroline Quine est le nom de plume pour une série d’auteurs et d’autrices. Enfin voilà, à 9 ans, j’écris quelques pages d’une enquête policière puis je demande pour une occasion importante une machine à écrire. Sur cet objet spartiate je tape au propre mes premières pages, cela fait déjà plus sérieux.

Cependant je ne poursuivrai pas ce texte, j’entre au collège et je découvre André Gide, Guy de Maupassant, Gustave Flaubert, Vercors, Emile Zola. La parité est absente, on le notera. Ces années-là, je n’écris pas de nouvelle histoire, l’adolescence me mène sur les chemins classiques du journal intime, des poèmes, des carnets, sans parler des lettres que l’on envoie dans des enveloppes.

En seconde, notre professeure de français démarre l’année par une liste de conseils de lectures hors programme. Madame Gray est très portée sur le nouveau roman, j’en lirai plusieurs - Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, … - sans accrocher vraiment. La liste est hétéroclite, je découvre « L’attrape-cœurs » de Salinger – bien plus tard je ferai connaissance de sa traductrice, l’autrice Annie Saumont, « Le meilleur des mondes » d’Adous Huxley, « Elise ou la vraie vie » de Claire Etcherelli. Des romans lus et lus encore.

Les textes que nous étudions au lycée ne m’intéressent guère : je fais le strict minimum et me nourris ailleurs. Je prends l’habitude d’aller le samedi en sortant des cours à la bibliothèque où j’allais enfant. Un peu de marche à pied, une station de métro. Par chance les rayonnages sont très bien tenus, les livres sont classés par thématiques ou bien par pays. Je les choisis d’après leur titre. C’est ici que j’acquière une partie de ma culture, éclectique, une culture nourrie de coups de cœur, parfois de coups de foudre, avec des trous et des trop pleins.

Mon horizon géographique est encore restreint à l’hexagone, les pays lointains m’attirent, tout particulièrement, et pour des raisons mystérieuses, le Japon est l'un de ceux-ci. La simplicité du titre « Pays de neige » me touche instantanément, je lirai ainsi coup sur coup une dizaine de livres du prix Nobel Yasunari Kawabata. Quant à Lygia Fagundes Telles, je dois la découverte de cette autrice brésilienne de tout premier plan au merveilleux titre de son recueil de nouvelles « La structure de la bulle de savon ».

Le titre « L’arborescence » de Jean-Charles Rémy m'interpelle, je suis alors très loin de l'informatique. C'est un beau roman oublié écrit en prose poétique, une fable écologique avant l'heure, et dont j’achèterai quelques années plus tard le dernier exemplaire chez Denoël. Ne me demandez pas de vous le prêter, je ne le prête jamais !

La seconde est année d’orientation et Madame Gray veut absolument que j'aille en première littéraire. Ma professeure de français n’en démord pas, aidée en cela par mes professeures de langues vivantes et mortes. Je ne le formule pas à l’époque, cependant, si j’aime lire et écrire, décortiquer les textes des autres m’ennuie. Je tiens bon face à ce clan professoral qui me veut du bien, j’irai en première scientifique ainsi que je l'ai décidé.

Classe de première. Pour me préparer à l’épreuve du baccalauréat de français, je décide d’écrire un roman ! Etrange entreprise quand on sait combien la préparation du baccalauréat est affaire de bachotage. J’écris à la main sur un cahier d’écolier, en tout une soixantaine de pages. En juin, je m’en sors honorablement en français, chanceuse, je serai inspirée par une poésie de Louise Labé à commenter.

Classe de terminale. Je poursuis mon roman de loin en loin, des questions insignifiantes bloquent régulièrement mon écriture. Je continue de lire ce que je trouve en bibliothèque. Du théâtre classique surtout. Et Marguerite Duras découverte avec « Moderato cantabile » et dont je lis d’affilée une dizaine de romans, toujours cette manie.

Eté des 18 ans. Lecture de deux auteurs phare, l’américain John Irving, le colombien Gabriel Garcia Marquez, un autre prix Nobel.

Fin septembre, j’entre à la faculté Pierre et Marie Curie, Paris VI, qui aujourd’hui fusionnée avec Paris Sorbonne, porte le nom de Sorbonne-Université, l’union des sciences dures et molles. Enfin !

J’ai décrit dans ma série d’articles « L’intelligence artificielle et moi » (sur le réseau social LinkedIn), combien j’ai aimé mes études universitaires. D'apathique au lycée je deviens acharnée dans mon apprentissage au fil des mois et des années. Je continue à lire beaucoup, y compris des ouvrages scientifiques tels « De la Pierre à l’étoile » d’un certain Claude Allègre, cependant j’écris peu. Mon roman lycéen est devenu trop loin de moi, de mes préoccupations de jeune adulte.

Cet article censé parler d’écriture porte bien plus, vous l’aurez remarqué, sur la lecture. C’est que la lecture des œuvres est selon moi indissociable du processus d’écriture.

 

Pour quelques années encore, l’écriture reste sous-jacente à ma vie ; dès mon premier job en entreprise, elle réapparaîtra. Plus forte, vitale, et avec cette préoccupation nouvelle : la publication.


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