Un petit frère

 




Il y a des films que l'on souhaite voir et que faute d'organisation l'on manque. Il y a des films que l'on craint de ne pas voir, le temps apparaissant si contraint, si plein, pourtant un relâchement de l'agenda est si vite venu. Ne pas forcer les choses, attendre que les planètes s'alignent.

Exprimer pourquoi je voulais absolument voir "Un petit frère", alors que je n'avais vu que l'affiche, en avait entendu 2 mots "banlieue" et "années 80", n'est pas possible pour moi. Je voulais voir ce film, sans visionner la bande annonce au préalable, je crains celles qui dévoile trop, moi ce que j'aime dans un film, dans un livre, et sans doute dans une personne, c'est la découverte. 

Voir une mère seule avec deux enfants, me ramène forcément à toutes ces années de mère de famille monoparentale. De manière plus inattendue pour ceux qui ne savent pas d'où je viens, "banlieue" peut sembler loin de qui je suis, et pourtant.

Je ne suis pas dans l'analyse, et m'en sens bien incapable, je n'ai aucune formation en cinéma, et pas beaucoup plus en littérature, j'ai stoppé son étude en fin de première, justement parce que je n'avais aucun goût pour décortiquer les œuvres des autres. La seule chose qui m'intéresse en art, c'est créer et ressentir des émotions. Pour la néophyte que je suis, le cinéma décuple le plaisir de la lecture.

Dans "Un petit frère", on suit la vie d'une mère seule et de ses deux enfants. Ils viennent du Congo, s'installent en banlieue parisienne dans le petit appartement de membres de leur famille. On suit le trio sur une vingtaine d'années, sur deux heures on ne peut s'empêcher de s'attacher à chacun des trois  personnages, et pour chacun, en son for intérieur, on imagine un itinéraire. La trame du film nous surprend souvent, de même que la vie nous surprend, son fil nous échappant parfois, mais toujours nous faisons de notre mieux. 

Nous sommes en France, et ce pays présente de sérieux travers. L'art du film consiste à les montrer en creux. 

Ce qui est très beau, c'est combien le film devient universel au cours de son cheminement. Qu'est-ce qu'une vie réussie, pourquoi penser à l'avenir, il montre la manière d'appréhender le fait de se sentir entre plusieurs univers, qu'ils soient culturels ou sociaux, la force des liens familiaux quels qu'ils soient. 

Annabelle Lengronne joue le rôle de la mère, premier rôle du film, elle est d'une crédibilité incroyable. Si elle n'a pas remporté de Prix sur la croisette, elle a remporté au Festival international du film de Stockholm 2022 le Prix de la meilleure interprétation féminine, ce qui est largement mérité.


"Un petit frère", à voir vite avant qu'il ne quitte les salles obscures.


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