Colère


Il y a des jours où je suis en colère.

Quand j'étais enfant, l'on m'a fait comprendre que ce n'était pas bien d'être en colère.
Surtout quand on est une fille, c'était beaucoup mieux d'être gentille.
J'ai fini par intégrer cette demande, ne pas me mettre en colère.
Je ne me mettais pas en colère, jamais, ce n'était pas bien.
J'acceptais la vie, les gens, la tournure des événements.

Or la colère, est un sentiment sain et je l'ai redécouvert.
Il y a quelques années j'ai donné un gros coup de volant, quitté l'autoroute pour une piste incertaine.
D'un coup un seul j'ai ouvert les yeux. Sur ma vie, sur ce que j'avais de plus proche ou que je croyais être le plus proche de moi.
J'ai décidé d'agir. J'ai vite découvert combien la route allait être longue.
J'ai beaucoup expliqué et puis parfois non, cela n'en valait pas la peine.
Je n'ai pas baissé les bras, j'ai cheminé, je me suis battue, je n'ai pas écrit beaucoup de livres, j'étais dans une histoire qui me submergeait et dont pourtant j'ai réussi à m'extraire par le haut.
Ce qui m'a alors aidée, ce fut la colère.
La colère sourde, la colère vraie, celle qui fait que l'on se lève pour dire NON.
Ou que l'on reste assise à sa place telle Rosa Parks.

Se mettre en colère, c'est ouvrir les yeux et ne plus accepter.
Tant de choses m'insupportent.
La constitution du nouveau gouvernement en fait partie.
Le nouveau ministre de l'intérieur, le nouveau ministre de la justice.
C'est tellement énorme.

Dans ce qui me met le plus en colère, il y a la situation des femmes, et celle des enfants, certaines institutions complètement décalées, lentes, tellement lentes, fonctionnant encore au papier.

Il y a deux jours j'ai eu incidemment un dialogue sur FB qui m'a hautement agacée.
J'ai mis, pourquoi donc ?, un commentaire qui résumait ma compréhension de la prise en compte des violences psychologiques dans les familles. J'ai parlé des institutions, des enquêtes sociales, etc.
J'ai vu des personnes censées, un peu au courant de comment cela se passe. Cependant j'ai eu droit à une sorte de leçon de morale de la part d'une personne hautement placée dans l'administration, certainement pleine de bonne volonté, mais tellement à côté de la plaque... Le plus drôle c'est quand elle m'a demandé si j'étais sur le terrain. Et comment que j'y suis ! Le nez en plein dedans en fait. Mais la dame a poursuivi sa leçon, après tout ce n'était pas pire ici qu'ailleurs. C'est vrai après tout, rêvons, adoptons la méthode coué, ne nous intéressons même pas à ce qu'a fait l'Espagne, on ne sait jamais, on pourrait y trouver de bonnes idées.

Non seulement ce discours unidirectionnel m'a insupporté, mais cela m'a aussi rappelé l'affaire des masques. Comment on nous a expliqué qu'ils ne servaient à rien, qu'il suffisait d'éternuer dans son coude et de se laver les mains pour éviter la propagation de la Covid-19. Sinistre blague. Plus de 30 000 morts décomptés dans notre pays et les comptes ne sont pas terminés.

Je pourrais écrire un livre entier sur tout ce qui me met en colère.
Que l'on aille écouter Bertrand Cantat en concert, que l'on raconte que l'autisme vient d'un problème d'éducation de la mère, qu'un grand écrivain se targuant d'une grande délicatesse envers les femmes se conduise plus mal que le dernier des derniers (Cf. nouvelle Bio "Maintenant"), etc etc etc

La colère est un excellent moteur d'écriture. C'est un excellent moteur pour avancer.
On doit laisser les petites filles se mettre en colère, apprendre à ne pas admettre ce qui ne doit pas l'être. On apprend beaucoup de choses au contact des hommes si l'on observe, écoute leur manière de prendre les choses. Ils sont beaucoup moins conciliants la plupart du temps.

Ce qui me donne une bonne dose d'optimisme, c'est d'entendre Alexandria Ocasio-Cortez. Les choses sont dites, la situation n'est pas admise, c'est très intelligent, et simple à la fois, compréhensible par  toutes et tous.




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