Je suis en colère

 Je suis en colère. 


Le cri - Edvard Munch


Je suis en colère parce qu'une femme a été assassinée par son ex-conjoint ce vendredi et qu'elle avait 44 ans. Je suis en colère parce qu'elle avait deux enfants, aujourd'hui orphelins de leur maman. (J'ose espérer que personne ne jugera nécessaire de maintenir le lien entre les orphelins et le meurtrier de leur maman.) Je suis en colère car la victime n'était pas au courant que son son ex était sorti de prison 3 semaines avant la date prévue. Elle devait se sentir un peu plus légère pour quelques jours encore, pas constamment sur le qui-vive, elle devait mieux dormir la nuit, évitant de penser à comment se passeraient les choses trois semaines plus tard, quand il sortirait. Et elle a lâchement été assassinée. Aurait-elle pu actionner le téléphone "Grave danger" si elle avait eu le téléphone sur elle, si elle avait été avertie que son ex était sortie de prison ? Pas certain. Le téléphone "Grave danger" me semble approprié si vous voyez l'agresseur, par exemple en bas de votre immeuble. Mais si l'agresseur vous attrape par surprise et vous plante ? Le téléphone "Grave danger" un outil utile, mais non suffisant. Par ailleurs, est-ce que l'on mesure le stress que peut vivre une femme dont l'ex peut à tout moment débouler et l'assassiner à coups de couteaux ? Pourquoi doit-elle endurer tout cela ? Ce n'est pas une criminelle, c'est juste une femme qui un jour a rencontré une mauvaise personne, et toute sa vie elle devrait porter seule ce danger, cette peur sur ses épaules ? Et les enfants, est-ce que l'on pense aux enfants ? Tétanisés que leur mère puisse à tout moment être tuée ? Un "bracelet d'éloignement" pour cet homme était le minimum. Je suis en colère. 

Il faut que les institutions changent plus vite. DGFIP s'est transformée en un temps record, avec l'efficacité que l'on connaît. Pourquoi pas l'administration pénitentiaire ? Pourquoi pas la justice ?

Allons, quand on veut on peut.

Mais il faut vraiment le vouloir, et ça c'est une autre histoire. Et je ne parle pas uniquement du gouvernement, reflet de la société, mais de la société toute entière. Je songe à toutes ces personnes qui ne se sentent pas concernées. Et si ça les touchait de près un jour ? Pas elles, mais leur fille, leur sœur, leur mère, leur nièce, leur meilleure copine, leur collègue de travail, leur copine de yoga, leur voisine très sympa, leur belle-sœur, ... 

Comment peut-on se sentir non concerné en 2021 ? Car plus personne ne peut dire qu'il ou elle ne sait pas. Les médias ont fait un gros travail ces dernières années, en commençant par nommer les faits correctement (cf. la journaliste Isabelle GERMAIN précurseuse sur cette thématique, et son site d'information en ligne Nouvelles News), puis en détaillant chaque histoire dans les médias. Et là, tout le monde s'est aperçu que les coups étaient des coups de couteaux, que les femmes tuées étaient très souvent soit en cours de séparation de leur conjoint soit séparées, qu'elles avaient porté plainte.

C'est difficile de voir la folie et la violence en face, mais elles existent, sont banales, doivent être très sévèrement réprimées. C'est aux agresseurs de payer le poids de leurs actes. Pas l'inverse.

Posts les plus consultés de ce blog

Un petit frère

A BITTERSWEET LIFE, du cinéaste Coréen KIM JEE WOON

Nouveau Site Auteur Sophie Stern